Fatiha, la suite (08/14)

Et je raccrochais son appel. Mon intervention a dû avoir un effet dissuasif car il ne rappela pas. Pas immédiatement, en tout cas. Je savais parfaitement que ce n’était que partie remise mais, vu que j’ignorais qui il était et ce qu’il exigeait, je ne pouvais rien faire de plus. Aïcha a semblé vraiment apprécier mon intervention et le fait qu’il ne rappelle pas aussitôt après. Nous avions bien travaillé avec ses documents et, au moment de partir, elle m’avoua finalement que son interlocuteur n’était autre que son grand frère. Qu’il insistait pour qu’elle rentre au pays, qu’il lui avait trouvé un autre homme. Il insistait principalement pour le retour de Fatiha qu’il avait promise à l’un de ses cousins. Sur les trois points, Aïcha m’expliqua qu’elle était contre. Mais qu’il était difficile pour une femme seule de résister aux ordres de son grand frère. Samia avait déjà subi ses foudres et avait interdiction de revenir au pays, chez elle, tant qu’elle ne serait pas rentrée dans le rang, c’est-à-dire prête à lui obéir en tout.

Rachid agissait en patriarche, s’octroyant le droit de choisir pour les femmes de sa famille. Il rappela plusieurs fois, évidemment, mais je n’étais pas toujours auprès d’Aïcha pour le rembarrer de nouveau. Ce n’est que deux jours après, alors qu’elle était encore près de moi pour que je lui explique le fonctionnement des banques, de sa banque à elle, qu’il appela de nouveau. Au visage décomposé d’Aïcha, je compris rapidement qu’il s’agissait de son grand frère. Je tendais simplement la main vers son téléphone qu’elle me passa. Je savais par Aïcha qu’il parlait français et surtout qu’il le comprenait très bien. Je lui expliquais donc calmement que sa sœur avait choisi librement de rester vivre en France, avec ses enfants qui sont nés en France et donc de nationalité française. Que les lois de notre pays protégeaient les femmes et les enfants contre les mariages forcés. J’insistais sur le fait qu’il devait se résoudre à laisser Aïcha et ses enfants tranquilles. Et Samia également, par la même occasion. Qu’il était libre lui, de venir rendre visite à sa famille, ici, tout en sachant qu’ils étaient protégés par les lois françaises. Il avait bien, une fois ou deux, essayé de m’interrompre mais j’élevais la voix plus fort que lui et il dut comprendre qu’il n’aurait jamais le dernier mot avec moi. Il termina en me demandant de lui repasser sa sœur.

Elle devint toute blanche en écoutant les menaces qu’il lui proférait, en arabe évidemment, si bien que je ne compris qu’après qu’elle ait raccroché. Elle était au bord des larmes en m’expliquant ce qu’il lui avait dit. Je me levais pour la serrer contre moi et la cajoler, la rassurer. Je finis par trouver LA phrase qui changerait tout pour elle et ses enfants.

« Si je comprends bien, il vient tout simplement de te libérer de tes obligations envers lui, en tant que chef de famille. Il vient de t’offrir ta liberté. Tu peux faire désormais tout ce que tu veux, il ne pourra plus rien dire, ou faire, contre toi, contre tes enfants. »

Elle leva ses yeux mouillés vers moi, analysant chacun de mes mots. Un éclair passa dans sa pupille. Je pense qu’elle mesurait maintenant tout ce qu’elle aurait le droit de faire, sans demander à qui que ce soit une quelconque autorisation. Elle était toujours contre moi lorsqu’un sourire un peu plus vicieux illumina son visage. Elle ouvrit mon pantalon avant que je ne puisse réagir et elle baissa mon boxer. La situation était très tendue mais mon corps réagissait favorablement. Elle prit ma queue dans sa bouche et je fermais les yeux, m’abandonnant totalement à sa caresse buccale. Elle était très douée pour donner du plaisir, en tout cas, elle se donnait corps et âme pour me rendre heureux. Et elle y réussit. La semaine suivante, j’étais en vacances pour honorer ma promesse d’aider Aïcha dans ses démarches administratives et juridiques. Dès le lundi matin, rendez-vous chez son avocate avant la comparution devant le tribunal le jeudi suivant. Ce lundi après-midi, c’est Samia qui vint me rendre visite pour parler de son site Internet de vente en ligne. En arrivant chez moi, elle avait une lueur maline dans les yeux, pleine de sous-entendus. Je devinais que sa grande sœur avait dû lui parler de la conversation avec Rachid, le patriarche. Elle était habillée un peu plus à l’européenne, cette fois-ci, jupe et corsage. C’était vraiment une très belle femme et elle le savait parfaitement. Mais elle hésitait encore à s’affirmer en tant que femme libre. Pourtant, ce jour-là, quelque chose avait changé en elle, un éclat dans les yeux que je ne savais définir.

Nous avons d’abord parlé de son activité, VDI en produits de beauté et santé. J’ai pris quelques notes sur une feuille de papier. Puis nous avons créé ensemble la trame de ce que serait le futur site de vente. Elle avait des idées intéressantes et je lui disais ce qui était possible, et ce qui ne l’était pas. Au bout d’un moment, je remarquais que son corsage était plus ouvert qu’à son arrivée. Je n’allais pas m’en plaindre et je plongeais furtivement un œil dans son décolleté. Ce que je voyais semblait très alléchant mais je n’en laissais rien voir. Je ne souhaitais pas qu’elle se sente gênée avec moi, si son bouton s’était ouvert par inadvertance. Peut-être quinze minutes plus tard, le bouton suivant était lui aussi défait. Je commençais à douter que ce ne soit que des incidents vestimentaires. Je plongeais carrément mon regard entre ses seins que je devinais, merveilleusement enveloppés dans un joli soutien-gorge. Puis, je levais les yeux vers elle. Elle avait une sorte de sourire carnassier qui en disait long sur ses intentions. Toujours en la fixant droit dans les yeux, je défis les quelques boutons de son corsage qui restaient accrochés. D’un air de défi, elle tendit elle-même sa poitrine vers moi. Je tendais une main fébrile vers son sein, tandis que mes lèvres prenaient carrément possession des siennes. Le baiser fut long et passionné. C’est Samia qui mit fin à notre premier baiser en se levant.

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