Retour de bâton ! (02/23) (Bien fait pour lui !)

Stéphane aimait les femmes qui portaient des bas. J’étais plutôt habituée aux collants. Là encore, il a fallu que je m’adapte à ses exigences vestimentaires. Il est vrai que je me sentais plus femme, beaucoup plus désirée. Et cela se voyait fatalement sur mon visage. Il n’a jamais souhaité rencontrer mes parents, ni même mon fils. C’était toujours moi qui passais une journée, ou deux, chez mes parents pour dire à Dylan combien je l’aimais. Et surtout combien il me manquait. Lui, il avait fait sa vie sans moi, ou presque, et cela lui convenait très bien. Il avait compris pourquoi il ne vivait pas encore avec moi. Et, vu que tous ses copains étaient à côté, il ne souhaitait pas changer de vie, de ville, pour l’instant. Et moi, je ne pouvais pas aller contre ses désirs. D’ailleurs, je ne me sentais pas vraiment prête à l’accueillir chez Stéphane. Je devais impérativement reprendre ma vie en mains, trouver un travail pour être plus indépendante financièrement. À cette époque, je pensais sincèrement que Stéphane était derrière moi, pour me soutenir. Même si parfois, il lui suffisait d’un mot, d’une remarque acerbe et je retombais en crise de confiance. J’étais bien avec lui, pourtant. Quand il était gentil avec moi. Il semblait très fier de me présenter à ses amis, ses collègues ou bien des inconnus, rencontrés dans les séminaires. J’ai compris beaucoup trop tard, on m’y a aidé, que je n’étais qu’un faire-valoir, une jolie potiche qu’il exposait à ses côtés. Je devais toujours porter des jupes courtes, voire très courtes. Quand la robe était longue, elle était forcément ouverte sur le côté, presque jusqu’à la taille. Tous devaient voir la lisière de mes bas, l’attache du porte-jarretelles. Je voyais évidemment le regard de ces hommes, envieux de Stéphane. Et je le serrais un peu plus contre lui, recherchant sa protection devant les regards affamés. J’étais absolument incapable de voir cette domination qu’il exerçait sur moi. Mais pire, je la recherchais inconsciemment. J’avais besoin de lui pour être quelqu’un, quelque chose. J’étais SA chose et cela me convenait parfaitement.

Vous qui me suivez depuis quelques mois, quelques années, vous savez que je suis, que j’ai toujours été, une soumise dans l’âme. C’est ma nature profonde et je ne souhaite pas la changer. Pas encore. Mais, j’ai tout de même ma propre personnalité qui transparaît quelques fois. Pas souvent, c’est vrai. Je m’étais résignée à n’être que ce qu’il voulait que je sois. Jusqu’à ce que je prenne conscience que mon fils me manquait réellement. Sans le lui dire, je me suis réinscrite à la fac, pour suivre des cours de gestion administrative et commerciale. Et ce n’est que lorsque j’ai reçu les résultats, très satisfaisants, de mes premiers partiels que j’en ai informé Stéphane. Il a été surpris, puis amusé. Il n’imaginait pas que je serais capable d’aller jusqu’à l’obtention de la licence. Il était tellement persuadé de mon échec assuré qu’il ne chercha jamais à me rabaisser durant cette période. J’ai bien vu qu’il était légèrement contrarié lorsque je lui ai appris que j’avais obtenu ma licence. Ce n’est qu’à ce moment-là que j’ai osé lui demander de l’aide pour trouver un premier emploi. Ce qui n’est déjà pas simple pour de jeunes étudiantes l’était encore moins pour moi qui était bien plus âgée que mes camarades. Il m’a dit oui, sûrement pour balayer de la main ce problème. Il préférait me savoir à la maison, même si je ne faisais rien de bien, plutôt que prendre le risque de me voir lui échapper, petit à petit. Je l’avais relancé plusieurs fois et j’obtenais toujours la même réponse.

« J’ai demandé partout autour de moi, mais il y a plus de demandeurs que de places en suspens. Le marché du travail est difficile pour tout le monde.  »

Après quelques déboires, j’ai finalement trouvé un emploi, moi toute seule, sans son aide, et cela a été le début de la fin de notre couple. J’aurais pu le quitter immédiatement mais j’avais des scrupules à laisser Laura seule avec lui. Elle avait besoin d’une présence féminine auprès d’elle et elle me le faisait bien sentir. Et puis, il me fallait m’organiser, seule, et trouver un appartement où j’allais pouvoir vivre. Ce n’est qu’après les congés du mois d’août que j’ai compris que Jean-Jacques, le meilleur ami de Stéphane, semblait être vraiment amoureux de moi. Les deux hommes avaient grandi ensemble, ils étaient amis depuis l’enfance et Stéphane avait été là, près de lui, lorsque sa femme est décédée d’un cancer fulgurant. Jean-Jacques a dû suivre une thérapie de groupe et c’est là que je l’ai rencontré pour la première fois. Nous avons sympathisé, mais sans plus. Il était veuf et il ne pensait pas du tout à refaire sa vie. Et moi, j’étais également en couple. J’ai dû rencontrer Stéphane deux ou trois fois, lorsque qu’il venait le chercher. Et puis, il y a eu cette rencontre inopinée au cours d’une réception à la mairie d’Angers, ce que j’ai raconté au début de mon propos. Et donc, après les vacances en Août, Jean-Jacques avait changé d’attitude avec moi. Alors qu’il me laissait passer dans le couloir quand nous nous croisions, il restait près de moi, me serrant de près, mais sans jamais un geste indélicat. J’étais très troublée à chaque fois qu’il venait à la maison et, finalement, je recherchais inconsciemment moi-même ces contacts furtifs. Il n’osait rien d’inconvenant, mais je sentais bien qu’il en mourrait d’envie. Il venait parfois, alors que Stéphane n’était pas présent, mais il était encore plus distant lorsque nous n’étions que tous les deux. Nous n’étions jamais vraiment seuls car Laura était dans sa chambre, avec Orlane, sa meilleure amie et fille de Jean-Jacques. Albane, sa seconde fille, était souvent à son sport, ou bien chez une amie à elle. C’est justement un jour où nous étions seuls, Jean-Jacques et moi, qu’il m’a complimentée sur la décoration intérieure de notre appartement.

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