Fatiha, la suite (01/14)

Grâce à la série de photos que j’avais faites, et modifiées, et que la conseillère principale d’éducation avait accepté d’afficher dans le lycée, Alexia avait accepté de retourner suivre les cours en cette rentrée de Janvier. Pas une seule personne ne l’avait reconnue sur les affiches, même pas ses amies qui la côtoyaient tous les jours. Quand elle leur avait dit que c’était elle qui avait posé, elles ne voulurent pas la croire. Elle a dû leur montrer, sur son téléphone, le portfolio que j’avais mis en ligne avec une série bien plus étoffée. Mais toujours habillée grâce à Photoshop. Fatiha était elle aussi très satisfaite du résultat, le principal étant que son amie revenait en cours. Ma jeune élève était toujours aussi assidue à mes cours, qu’ils soient pédagogiques ou plus personnels. Elle passait maintenant une heure trente minutes avec moi, une heure de cours, le reste en câlins. J’aimais la voir totalement nue pour caresser ses seins et plonger ensuite entre ses cuisses. Quelques fois, c’était elle qui insistait pour perfectionner sa façon de faire plaisir à un homme. Elle se mettait alors à genoux devant le canapé pour m’offrir le meilleur de sa bouche. Elle y mettait tout son cœur et elle avalait tout ce que j’avais à lui offrir en retour. Je revoyais parfois Aïcha, la maman, quand j’étais invité à monter chez eux. Aziza, la petite sœur de Fatiha était là également.

Elle était plus jeune que sa grande sœur, plus délurée surtout. Elle avait une poitrine beaucoup plus développée que sa sœur, un peu comme sa maman, mais en plus tonique. J’avais parfois terriblement envie de poser mes doigts sur ces seins merveilleux et les peloter amoureusement. Mais cela était impossible, et surtout interdit. Une fois, pourtant, on se croisa dans le couloir et elle est restée bien serrée contre moi, alors qu’elle aurait pu se tourner. Si c’était elle qui recherchait le contact physique, je ne pouvais pas m’y opposer. Je voyais Mourad, le père, tous les matins quand j’allais travailler et que je prenais les transports en commun. Il semblait vraiment beaucoup plus affaibli en ce début d’année. Son travail l’obligeait à travailler en extérieur et il n’avait jamais pu s’habituer aux températures négatives de notre région. J’appris un peu plus tard que son chef hiérarchique ne voulait surtout pas qu’il se mette en arrêt, car il le considérait comme un fainéant patenté. Ce qui était loin d’être le cas. Il allait donc travailler chaque jour pour nourrir sa famille jusqu’à ce qu’il tombe malade pour de bon. C’est arrivé à son travail, il a fait un malaise respiratoire. Ses collègues ont immédiatement appelé les pompiers qui l’ont conduit aux urgences. Je l’ai su le soir-même de la bouche de sa fille.

Elle était évidemment très inquiète, c’était rare pour elle de voir son père en si mauvaise santé. J’ai pu prévenir mon chef que j’avais un empêchement pour le lendemain et que je devais prendre ma journée en récupération. Je suis remonté avec Fatiha pour dire à sa mère que je serais disponible pour l’amener à l’hôpital, le lendemain. J’ai bien vu dans son regard qu’elle me remerciait, à sa façon, de tout ce que je faisais pour eux. Elle appela une voisine qui pourrait s’occuper les plus petits et on  décida d’y aller dès 9 heures, le lendemain. Mourad avait été placé en soins intensifs, sous respirateur artificiel, et seule la famille pouvait aller le voir, au travers d’une vitre. Aïcha avait dû passer une blouse jetable, des gants de protection, une charlotte sur la tête et un masque sur le visage.

Je l’attendais patiemment dans l’espace convivialité, très peu fréquenté. Elle ne revint que trois heures plus tard, la mine défaite, se doutant sans doute que l’inéluctable était tout proche. Elle me demanda de la suivre jusqu’au bureau du médecin pour qu’il m’explique ce qui se passait exactement. Le médecin m’apprit qu’il souffrait d’une insuffisance respiratoire grave, rendue encore plus virulente avec la présence du Covid-19. De retour chez elle, je lui expliquais que c’était très grave et qu’elle devait s’attendre au pire, tout en espérant un miracle. Elle appela des amies à elle pour leur expliquer ce qui lui arrivait. Je répondais à quelques femmes qui parlaient très bien français, puis je m’éclipsais pour les laisser entre elles.

Pour le second soir de suite, Fatiha resta chez elle pour aider et soutenir sa maman. Vers deux heures du matin, un coup de téléphone de l’hôpital demandait à passer le plus vite possible, l’état de santé de Mourad s’étant aggravé. Fatiha vint me sortir du lit et j’accompagnais la mère et sa fille aux urgences. Elles eurent le temps de lui faire leurs adieux. Il était sorti de son coma mais restait très faible. Il s’est éteint tranquillement, sous leurs yeux. Je suis resté avec elles pour remplir les formalités d’usage, puis retour chez elles. Fatiha me proposa un café, que j’acceptais volontiers. Aïcha appela des amies et c’est une quinzaine de femmes, toutes musulmanes, qui ont envahi l’appartement. Toutes étaient là pour soutenir leur amie dans le drame qu’elle vivait. Chacune voulant l’aider, à sa façon.

Zohra était l’une d’entre elles et elle travaillait comme bénévole pour l’association des marocains en France. Elle se fit expliquer en long et en large les circonstances dans lesquelles Mourad était tombé malade. Elle s’isola un moment pour revenir plus tard, triomphante. Une des avocates de l’association était prête à aider Aïcha pour assigner l’employeur en justice. Je quittais cet appartement, laissant Aïcha et ses enfants aux bons soins de leurs amies. Ce jour-là, je m’étais plongé dans mon travail pour oublier les malheurs de Fatiha. Comment la famille allait d’en sortir sans le salaire régulier du père ?

Fatiha devait certainement surveiller mon retour à la maison car elle était devant ma porte en même temps que moi, un peu essoufflée. Elle m’expliqua qu’elle souhaitait reprendre les leçons là où nous nous étions arrêtés, pour quitter, l’espace d’un instant, l’atmosphère pesante de son appartement qui avait vu défiler de nombreux amis et voisins. Je l’installais donc à sa place habituelle et nous avons pu aborder diverses matières.

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