Une histoire incroyable (04/21)

Jessica arracha quelques feuilles de papier toilette pour m’essuyer, comme moi je lui avais fait. Entre nettoyage et véritable caresse bien ciblée, j’étais prête à repartir quand une fille entra dans la cabine voisine de la nôtre. Nous avons attendu sans bruit qu’elle en ressorte pour nous rhabiller enfin avant de rejoindre le self-service. Je n’avais pas vraiment faim, mais je savais que l’après-midi serait bien longue.

Aucun mot ne fut prononcé entre nous sur les évènements qui venaient d’arriver. Si, dans le train, nous avons été victimes, un peu consentantes, je vous l’avoue, ce qui venait de se passer dans les toilettes resterait gravé pour toujours dans ma mémoire. Dans nos mémoires. Comme si une pulsion irrépressible nous avait imposé nos actes. Aucun regret, ni remords, de mon côté en tout cas, mais juste l’envie de recommencer. Jessica ne semblait pas partager les mêmes désirs que moi. Pour preuve, quand nous sommes retournées aux toilettes en fin d’après-midi, elle est entrée dans une cabine. Toute seule. Me laissant là, plantée comme une cruche. Ce n’est pas vraiment que j’avais envie de recommencer mais pourquoi pas ? Nous sommes retournées à la gare, assises côte à côte dans le train, puis dans le bus qui nous ramenait chez nous. Ce même bus qui était bien à l’heure le lendemain. Nous avons patienté sur le quai de la gare, puis trouvé une place assise, toujours l’une près de l’autre. Je n’ai pas revu mon tourmenteur de la veille.

Je me posais évidemment des questions sur lui. Voyageait-il tous les jours ? Prenait-il toujours le même train, celui d’après donc, puisque nous avions raté notre horaire habituel hier ? Fallait-il que nous soyons encore en retard pour rester debout, et le retrouver ? Lui et son ami ? Étaient-ils amis même, ou bien ce sont les circonstances qui les ont poussés à nous caresser ? Puis à nous pousser l’une contre l’autre ? Beaucoup de questions et, bien sûr, aucune réponse précise. J’avais également énormément de questions concernant Jessica et ce que nous avions fait dans les toilettes, la veille. Bien sûr que j’y avais repensé le soir, dans mon lit et vous imaginez bien que mes mains ne sont pas restées sagement à leur place, le long de mon corps. J’ignore si elle aussi s’est caressée en repensant à ces moments-là, le train d’abord, puis les toilettes du lycée. En tout cas, rien dans son visage ou dans son attitude n’indiquait que quelque chose ait changé entre nous deux. Et ça, c’était ce qui importait le plus pour moi. Nous étions toujours les meilleures amies du monde. Comme deux sœurs jumelles.

Pourtant, comment pouvais-je croire que rien n’avait changé ? Cela me faisait plaisir quand on nous prenait pour deux sœurs. Nous avons même été soupçonnées d’être en couple, elle et moi. Ce qui nous faisait beaucoup rire car jamais nous n’avions eu d’attirance l’une pour l’autre. Je peux vous l’affirmer, en ce qui me concerne. Moins sûre pour Jessica, désormais. La journée démarra comme une journée normale, comme tant d’autres avant. Direction les toilettes avant d’aller manger, comme hier. Mais chacune dans sa cabine. Comme cela se passait toujours avant l’exception d’hier. Dans la cour du lycée, puis, plus tard au self-service, j’ai aperçu un jeune homme qui semblait m’observer attentivement. Un des surveillants employés par le lycée, un étudiant certainement qui poursuivait ses études. Je n’y prêtais pas plus d’attention que ça. Mais, lorsqu’un autre surveillant l’a rejoint, il m’a semblé le connaître.

J’avais beau chercher dans ma mémoire, je suis certaine de l’avoir déjà vu, sans doute de très près, mais j’étais incapable de dire son prénom. Je supposais, à ce moment-là, que je l’avais déjà vu en études. C’était certainement cela. Les deux garçons nous dévisageaient maintenant, Jessica et moi. Je leur tournais le dos, pour leur offrir la vue de mon cul. C’était donc Jessica qui se retrouva face à eux. Elle me parlait mais je ne l’entendais déjà plus. Je croyais sentir leurs regards sur mon fessier et cela n’était pas sans effet sur moi. Mon amie me parlait, moi, je fixais seulement son visage, ses lèvres qui bougeaient, si tendres. Elle aussi me regardait, mais elle regardait aussi tout autour d’elle. Je vis son regard changer lorsqu’elle aperçut les deux surveillants. Elle continuait à parler, mais de manière hachée, fixant sans discontinuer les deux jeunes hommes. Elle aussi semblait les avoir reconnus, en fait, elle en était certaine. C’était nos deux tourmenteurs du train. Elle se tut soudainement, me fixa un instant avant de regarder de nouveau vers les deux surveillants.

Je la vis frémir d’un seul coup. Ses yeux fixant les deux jeunes hommes qui s’approchaient de nous, elle posa sa main droite sur mon bras. Ils étaient de nouveau près de nous, pas aussi collés que nous l’étions dans le train, mais à la même place. Désormais placé derrière Jessica, je reconnaissais parfaitement celui qui l’avait faite jouir sous mes yeux. Et Jess devait apercevoir derrière moi celui qui m’avait si merveilleusement bien pelotée. Ils n’avaient pas besoin de dire un mot, chacun et chacune se remémorait cet instant magique qui nous avait réuni. Il n’était évidemment pas question de renouveler cette expérience ici même. Ils étaient là pour se présenter à nous. L’un s’appelait Hugo, celui qui était dans mon dos, l’autre, Alex, derrière Jess. J’osais enfin me retourner vers Hugo pour me présenter à mon tour.

« Moi, c’est Clémence. Et ma meilleure amie se nomme Jessica. Jess, si vous préférez ».

Ils nous ont fait la bise, sur chaque joue, chacun leur tour. Nous avons commencé à parler de choses et d’autres, leurs études, les nôtres, mais personne n’était dupe. Tous, nous repensions à cette expérience unique dans le train. Insidieusement, Hugo a réussi à placer dans la conversation, somme toute bénigne, que son ami Alex et lui prenaient chaque matin le train de 07 heures 16. Jess et moi arrivions normalement à la gare avant 7 heures et nous prenions le premier train au départ, celui de 07 heures 03. Sauf quand nous arrivions en retard. Comme cela arrivait de temps en temps.

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