Petite précision, tout de même. J’avais accès à toutes les copies, sauf celles de ma classe, bien évidemment. Question de déontologie, m’avait précisé Mr Lambert. Il avait certainement raison. Je n’aurais sans doute pas été impartiale. Surtout avec ceux qui riaient de moi, encore.
Pour la période des vacances, Mr Lambert m’avait demandé si je pouvais revenir, mais pour lire des romans, récents ou plus anciens. Il avait appris le braille mais peu de livres étaient édités. Il allait très souvent à des soirées lecture, pour écouter, et discourir avec les participants ensuite. Je passais donc mes après-midis avec mon professeur. Maman en plaisantait parfois, me demandant si j’allais me marier avec lui.
Elle le connaissait bien, pour l’avoir rencontré aux rendez-vous « parents professeurs ». Mais aussi car il habitait notre quartier. Il faisait parfois ses courses à la supérette voisine. Maman, quand elle le rencontrait, lui proposait toujours de le raccompagner, en lui portant ses courses. Lui, il la tenait par le bras et se laissait guider.
Alysson m’a laissé un message sur ma boite vocale. C’est bien Alysson, avec un « Y » et deux « S ». Elle y tenait à l’orthographe de son prénom. J’ignorais comment elle avait eu mon numéro de téléphone. Très peu de personnes l’avaient. Elle avait dû galérer pour l’obtenir.
Alysson, c’est une amie de Chloé, faisant partie de sa cour. Et même très proche, si j’écoutais les ragots des autres élèves. Je crois qu’avant ce message, jamais elle ne m’avait adressé la parole, directement. Juste des bonjours, des saluts. Rien de plus. Et là, elle me demandait de passer la voir, chez elle. Je craignais un piège, aussi je décidais de l’appeler pour en avoir le cœur net.
Elle me confirma qu’elle voulait absolument me voir, le lendemain matin, si possible. À sa voix, je sus que je pouvais lui faire confiance. Elle me redonna son adresse et me demanda de venir dès huit heures. Elle serait seule chez elle. Elle me précisa même quels bus je devais prendre. Elle semblait terriblement impatiente de me voir.
Je me posais des questions, bien sûr, mais je ne pouvais pas deviner ce qu’elle attendait de moi. Nous qui n’avions eu aucun échange depuis trois ans où nous suivions les mêmes classes. J’arrivais chez elle à l’heure prévue, juste le temps d’apercevoir une grosse voiture qui partait. Je me glissais dans l’ouverture du portail qui se refermait automatiquement.
Arrivée à la porte d’entrée, je sonnais et Alysson vint m’ouvrir aussitôt. Elle devait attendre tout près. Elle me demanda si je voulais boire un café, ou un chocolat, mais, à sa façon de le dire, on voyait qu’elle était pressée de me parler du pourquoi de ma visite. Je la suivais donc dans sa chambre, à l’étage.
J’entre, elle me suit et referme à clé. Avant que je ne pose la question, elle me dit qu’elle tient à ne pas être dérangée. Un coup d’œil circulaire pour regarder la pièce, deux fois plus grande que la mienne, et toute équipée avec coiffeuse, dressing et même une salle de bains privative. Dans un coin, son chien n’a même pas bougé en nous voyant entrer.
« Ne t’en fais pas pour le chien. Il s’appelle Yago mais c’est un gros fainéant. Tout ce qui l’intéresse, c’est manger, et dormir. Bien, puisque tu es venue, je vais t’expliquer pourquoi j’ai tellement insisté pour te voir ce matin ».
« C’est vrai que nous ne sommes pas vraiment amies. Pas encore, mais j’espère que cela va changer. Chloé est une amie d’enfance, depuis la maternelle, et tu sais bien comment elle est. Elle a un groupe d’amis qu’elle a choisi et les autres ne comptent pas. Et pas question de la faire changer d’avis. C’est comme ça ».
« L’autre jour, toi et Camel. Tu sais. J’étais au premier rang et j’ai tout vu. Il m’a même semblé entendre un grognement. Je sais bien que tu n’avais pas le choix. Mais j’ai vu ton visage quand tu as joui. Parce que tu as joui, n’est-ce-pas ? »
Un signe de tête pour confirmer mais je ne voyais toujours pas où elle voulait en venir. J’écoutais la suite mais je la sentais nerveuse, peur de je-ne-sais-quoi.
« Je ne sais pas si tu le sais mais j’ai déjà couché avec des garçons. Mais jamais, il me semble, je n’ai joui comme toi, ce jour-là. Alors, en rentrant chez moi, j’ai voulu … »
» J’ai confiance en toi, mais je voudrais que tu me promettes que tout ce que tu vas entendre restera entre nous « .
J’acquiesçais et elle reprit son récit.
» Donc, j’ai entraîné Yago dans ma chambre et j’ai tenté de reproduire ta mésaventure. Oh, j’ai honte. Tu vas me prendre pour une cinglée. Mais ce gros balourd n’a pas fait le moindre effort. J’étais trop vénère. Quelques jours plus tard, j’ai recommencé l’expérience en mettant de la confiture entre mes cuisses. Gourmand comme il est, il a bien léché la confiture mais est retourné se coucher ensuite. Depuis, je ne suis toujours pas parvenue à lui faire faire ce que Camel t’a fait. Est-ce que ça vient de moi, ou de lui ? Tu as un secret ? Est-ce que tu peux m’aider ? J’ai vraiment trop envie. Peut-être ton odeur, tes effluves qui font chavirer tous les mâles ? »
Je prenais le temps de réfléchir avant de lui répondre. J’étais un peu interloquée qu’elle veuille essayer ça mais, comme elle a dit, elle n’a sans doute jamais joui avec un garçon. J’aurais pu lui conseiller de tenter avec un homme, plus expérimenté. Mais j’ignorais tout de sa vie, sexuelle et autre, et ce n’est pas moi, la petite pucelle, qui allait lui donner des conseils sur sa sexualité.
« Tout d’abord, tu as raison de me faire confiance. Ce qui se dira, et se fera, ici ne sortira pas de cette chambre. Ensuite, tu as encore une fois raison de vouloir essayer. Je n’ai pas vraiment de comparaison mais c’était véritablement géant ».
» Tu vas ôter le bas de ton pyjama-short et commencer à te caresser ».
« Tu … Es sûre ? »
« Certaine ».
Elle obtempéra pourtant et commença à se caresser. Le chien ne bougeait toujours pas.
« ça me gêne, devant toi. Je n’y arrive pas « .
Je ne voyais qu’une solution.
» Allonge-toi, les fesses bien au bord du lit. Les bras sous ta tête. Ferme les yeux et ne pense plus à rien. Tu es calme, reposée. Et tu as une totale confiance en moi ».