FATIHA (03/10)

« Tu vas faire trois colonnes. Dans la première, tu vas écrire ce que tu souhaites dans un avenir proche, disons dans deux ans. Dans la deuxième colonne, comment tu vois ton avenir dans dix ans. Et dans la dernière, ce que tu ne veux pas faire, ni aujourd’hui, ni demain. Je te laisse réfléchir et remplir cette feuille. Surtout, sois honnête avec toi-même. C’est toi seule qui doit décider pour ton avenir et personne ne lira ce que tu as écrit ».

Je la laissais seule et j’allais m’allonger sur mon lit, en attendant qu’elle ait fini, mais je repensais à ce qui venait de se passer. Notamment, ma main caressant son sein voluptueux. Je pourrais rester des heures à caresser une superbe poitrine comme la sienne. Enfin, je crois.

Elle vint frapper à la porte de la chambre près d’une heure plus tard, me disant qu’elle avait fini. Je la rejoignais et elle demanda à reprendre le cours, comme un jour de semaine habituel. J’avais beau lui dire qu’elle était en vacances, elle voulait absolument rattraper son retard scolaire. Elle resta une heure de plus avec moi et nous avons pu réviser les matières qui lui posaient le plus de soucis.

Quand elle ramassa ses affaires, je remarquais la feuille qu’elle avait laissé sur la table. Je la lui redonnais, sans avoir jeté un œil sur ce qu’elle avait écrit. Elle me demanda de la garder, pour la lire, et pour que l’on puisse en parler ensuite. Je lui dis que j’étais d’accord pour la lire, mais uniquement en sa présence.

Rendez-vous pris pour le lendemain, après mon travail. Elle semblait surveiller mon retour car elle sonna chez moi moins de deux minutes après mon arrivée. J’étais heureux de la revoir mais, cette fois-ci, et chaque fois ensuite, je la regardais attentivement. Comme la jolie jeune femme qu’elle était devenue.

Comme je le pressentais, elle souhaitait poursuivre ses études et voulait devenir infirmière. C’est un métier très noble, et très utile, mais je savais que les accès à la formation, et les cours ensuite, étaient très difficiles. Elle devrait redoubler d’efforts pour parvenir à obtenir les notes nécessaires à l’entrée en école d’infirmière.

Il serait même préférable qu’elle demande à faire un stage dans un hôpital, un CHU. Ou, au pire, un EPADH. Cela lui permettrait d’apprendre vraiment ce qu’est le métier, vu de l’intérieur. Elle acceptait tout ce que je lui disais et insista pour que je continue à l’aider le plus longtemps possible. Je n’avais aucune connaissance médicale et cela sera aussi difficile pour elle que pour moi. Mais j’acceptais le challenge. Je devrais en premier lieu convaincre ses parents qu’elle pouvait continuer.

Qu’elle devait poursuivre dans sa voie. Elle semblait très heureuse de mes réponses à ses questionnements mais je voyais bien qu’elle hésitait à me poser une question, sur un autre sujet. Je l’invitais vivement à me poser toute sorte de questions, je ferais toujours de mon mieux pour y répondre.

Elle me rappela que, la veille, je lui avais dit qu’elle seule devait être maîtresse de son destin. Et de son corps, avais-je ajouté. Elle me demanda comment elle pouvait rester maîtresse de son corps, alors que beaucoup de facteurs externes pouvait influencer ses propres choix. Avant que je ne puisse répondre, elle voulut me raconter l’histoire arrivée à son amie Alexia, il y a quelques jours.

Alexia était tombée amoureuse d’un garçon de sa classe, Dylan. Il était super canon et toutes les filles cherchaient sa présence. Ce n’était pas le meilleur élève de la classe mais elle pouvait l’aider à s’améliorer. Quand Dylan lui donna enfin rendez-vous, elle se voyait déjà finir sa vie avec lui. Elle l’a donc suivi aveuglément dans un sous-sol de la cité.

Là, il a commencé par l’embrasser tendrement. Elle a volontairement laissé ses mains parcourir son corps, sa poitrine principalement. Elle se retrouva torse nu quand des potes de Dylan arrivèrent dans la pièce. Elle pensait, encore bêtement, que son chéri allait l’aider, la protéger. Mais il n’en fit rien.

Très vite, elle sentit d’autres mains parcourir son corps, la peloter outrageusement. Des flashs aussi. Des photos et des vidéos de son calvaire. Elle fut mise entièrement nue et plus rien ne pouvait arrêter les caresses obscènes qu’elle devait subir. Elle avait compris qu’il était inutile de se débattre, de dire « Non ». Rien n’empêcherait l’inéluctable.

Elle se trouvait humiliée, flétrie à jamais. Plus aucun garçon ne voudrait d’elle après cela. Car les commentaires allaient bon train. Certains avaient déjà posté des vidéos sur Facebook, ou autres. Elle craignait surtout d’être violée. Tomber enceinte ou choper une maladie vénérienne serait le comble de l’humiliation.

Finalement, les garçons se sont contentés de se masturber face à elle et de l’arroser de leur semence. Photos à l’appui. Ils la laissèrent là, seule, entièrement nue et repartirent comme ils étaient venus. Alexia pensait avoir subir le pire. Pour l’achever, c’est Dylan qui prit la parole pour s’adresser au groupe et à l’un des membres en particulier.

« Brahim. La prochaine fois, ce sera ton tour de nous amener une oie blanche pour que l’on puisse jouer avec elle « .

Et il jeta un dernier regard de dégoût sur la jeune fille qu’il venait de piéger. Alexia l’avait appelée dès son retour chez elle pour lui raconter sa mésaventure et lui expliquer qu’elle ne pouvait pas retourner au lycée après cela. Fatiha avait tenté de la rassurer mais sans succès. Elle se demandait quelle faute avait commis son amie pour se trouver piégée ainsi. C’était la question qu’elle souhaitait me poser.

Je suis un homme et j’ai été jeune, tout comme Dylan et ses potes. Mais jamais je ne me suis livré à de tels comportements. Ni moi, ni mes amis de l’époque. Autres temps, autres mœurs. Mais en tant qu’homme, je pouvais comprendre ce qui avait poussé ces jeunes hommes à de telles extrémités.

Évidemment qu’à leur âge, la libido prenait le dessus sur tout ce qu’ils avaient appris, comme le respect. Et la fermeture des bars, des discothèques, pour cause de crise sanitaire rendait les possibilités de rencontre plus difficile. Sans leur chercher des excuses, car ce qu’ils ont fait est impardonnable, je peux avouer que je les comprenais.

Je n’ai pas encore d’enfants mais j’ai beaucoup d’amis qui en ont. J’ai bien observé les comportements et j’en suis arrivé à la conclusion que tous les enfants jouent avec les limites qui leur sont imposées. Ils tentent toujours de franchir les barrières édictées.

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