Conscient que je lui portais chance, Alexis tenta, et réussit quelques gros coups de bluff. Pierre dut s’incliner, il était l’heure de se quitter. Je redonnais les vestes et manteaux de chacun. Plusieurs fois, je sentis des doigts frôler la peau de mes cuisses, de mes fesses. C’était de bonne guerre. Je m’étais exhibée devant eux toute la soirée. Pierre fut le dernier à partir, il devait tout d’abord récupérer ses gains. Moins élevés que ceux d’Alexis, cette fois-ci. Il remercia son hôte, s’approcha de moi et m’embrassa sur les joues. Tendrement. Il était doux, et tendre. Mais coquin aussi. Sa main s’est posée sur mes fesses qu’il a caressées tout aussi tendrement. Il souhaita que je sois là pour la prochaine soirée, même si ma présence ne lui avait pas été très salutaire. Alexis était le plus heureux de la soirée. C’était la première fois qu’il gagnait face à Pierre. Ses yeux brillaient d’une lueur incandescente. Il me proposa de me raccompagner chez Noémie, comme la dernière fois. Mais avant de partir, il tenait à m’offrir un cadeau. Je lui redis qu’il n’était pas obligé, mais il insista tellement que je finis par accepter.
Il dégagea lui-même une grande partie de la table de jeu. Il me fit m’approcher de cette table et je dus m’y allonger. Après qu’il ait ôté mon body ! J’étais pratiquement nue devant lui. Seules les grandes chaussettes habillaient encore mes cuisses. Il attrapa une poignée de jeton qu’il déposa délicatement sur mon sexe, le cachant entièrement. Deux autres jetons vinrent orner mes seins, un sur chacun de mes tétons. Il prit une photo souvenir de ce moment inoubliable pour lui. Pour moi aussi. On ne voyait pas mon visage mais mon corps était exposé. Il a ensuite ramassé ses jetons restants, m’a aidée à me relever. J’ai pu remettre le body sous son regard de braise. Il a délicatement posé l’imper sur mes épaules et il m’a raccompagnée jusqu’à la porte de Noémie. Deux joueurs m’avaient offert 100 euros chacun. Je n’ai pas compté combien m’avait donné Alexis. D’autres soirées suivirent, évidemment, au rythme d’une par mois. Lorsque Pierre était présent, Alexis ne gagna plus jamais. Mais il était souvent le vainqueur, sans la présence de son mentor. La soirée retour du match de foot se déroula de la même manière que la première fois, sauf qu’il y avait un peu plus de monde. Tous avaient entendu parler de « Chloé » et tous voulaient la voir, la rencontrer. La toucher, peut-être. Tant que la France gagnait, ils étaient les plus heureux. Et je remboursais méthodiquement la dette de Noémie envers son propriétaire. Justement, en y pensant, à cette dette, j’aurais aimé avoir un suivi d’où j’en étais de mon remboursement, comme un échéancier bancaire. Mais seul Alexis semblait être au courant du solde restant à devoir.
Le week-end de la Toussaint approchait, et mes retrouvailles avec ma tante Caroline. On s’appelait tous les trois jours. Si ce n’était pas moi, c’était elle qui appelait. On s’était retrouvées et on n’avait plus envie de se perdre à nouveau. Mais ce jour-là, un autre souci occupait toutes mes pensées. Tout le cabinet médical avait été convié à une réunion d’une grande importance, pour l’avenir de ce même cabinet médical. Preuve que c’était important, Jocelyne serait présente, elle aussi. Ce fut d’ailleurs pratiquement elle qui dirigea les débats, si on peut dire, car il n’y eut aucun débat, juste une annonce importante pour notre avenir. Jocelyne était arrivée de bonne heure, très rare pour elle aussi. Elle m’avait demandé de remplacer Marylène au standard et elle l’avait presque poussée dans le bureau de Paul, son mari. Ils sont restés plus d’une heure à discuter ensemble. Marylène était très émue en ressortant de ce bureau qui venait de trancher sur son avenir, à elle. Elle revint prendre sa place au standard et me confia à l’oreille.
« Il faudra que l’on se voit, toutes les deux. Mais en dehors du bureau. »
Je lui proposais de passer à la maison après le travail, ce qu’elle accepta. Elle ne m’en dit pas plus. Je dus, comme les autres, attendre la réunion qui eut lieu en tout début d’après-midi. Paul commença à prendre la parole mais il n’était pas un orateur-né. Il céda facilement lorsque Jocelyne lui coupa la parole et nous présenta les décisions qui avaient été prises. Marylène avait décidé de prendre sa retraite, bien méritée après des années de dur labeur. Son remplacement était déjà acté. Trois personnes, trois femmes, avaient été sélectionnées pour le poste. Elles devaient pourtant suivre une formation express de trois jours, afin d’apprendre par cœur les différents sigles utilisés sur les ordonnances médicales. Sur les trois femmes, une était plus jeune que les autres, célibataire, et tous savaient que ce n’était pas le choix de Jocelyne. Dès que la personne serait choisie définitivement, elle serait présentée à nous toutes et viendrait commencer à observer ce que faisait Marylène. Elle prendrait petit à petit ses fonctions, sous la surveillance de Marylène, puis finalement sans elle. Notre standardiste avait encore des congés à solder avant son départ définitif. La décision, bien que soudaine, ne nous surprit pas outre mesure. Nous savions que cela arriverait un jour. Même si cela semblait un peu précipité. Marylène elle-même n’avait jamais évoqué avec personne son futur départ à la retraite. Avec moi, chez elle, elle en avait parlé mais en précisant qu’elle n’était pas vraiment prête à quitter le seul lien social qui lui restait. Mais il est vrai qu’elle m’avait évitée depuis ce jour où j’avais mangé chez elle. La réunion se termina par une petite collation, Jocelyne avait tout organisé. Tout le monde se pressa auprès de Marylène pour la féliciter de sa décision. Je ne me mêlais pas à cet engouement, j’avais compris que c’était un peu contrainte et forcée qu’elle avait fini par décider son départ. De loin, elle me jetait parfois des regards attendris, ravie que je ne vienne pas la féliciter pour une décision qui lui avait été, semble-t-il, imposée. La journée de travail se termina par le rangement de la salle de réunion et chacun rentra chez soi. Enfin presque. Puisque Marylène sortit en même temps que moi. Elle habitait tout près, et n’avait donc pas besoin de véhicule. Je proposais de l’emmener chez moi, je la ramènerais chez elle ensuite. Elle monta en voiture et étudia silencieusement la route pour se rendre à mon appartement.
À suivre …