Amélie (10/23)

Enfin assise, elle me confia que c’était la première fois que son mari mettait fin à une discussion sans en avoir eu le dernier mot. Je lui répondis que j’étais bretonne, et têtue, et rebelle aussi un peu. Cela la fit beaucoup rire. Puis elle me parla de sa fille, Amélie, combien elle avait changé depuis qu’elle me connaissait, du bien que ma présence près d’elle lui faisait. Je lui répondis que c’était réciproque et qu’Amélie aussi me faisait beaucoup de bien (sans jeu de mot).

Charlène passa embrasser sa mère avant de monter se coucher et me souhaita une bonne nuit aussi, juste un dernier clin d’œil avant de passer la porte et elle monta. Quand Corinne entendit la porte se refermer, elle me confia que je semblais faire une grosse impression sur son autre fille. Je répondis simplement qu’elle souhaitait quelqu’un qui l’écoute et la comprenne, sans la juger.

Bien souvent, les personnes qui paraissent très fortes sont plus sensibles qu’on ne le croit, car elles cachent leurs peurs et leurs angoisses, jusqu’à ce que ça explose. Pour Amélie, c’est différent, elle a besoin d’être guidée, boostée, portée vers le haut mais elle saura très bien tenir sa place quand elle sera au top. Rassurée par mes paroles, Corinne alla rejoindre son mari, déjà couché.

De mon côté, je montais dans la chambre d’Amélie qui ronflait déjà. Je me changeais vite fait et j’allais pousser la porte de communication. Charlène semblait dormir déjà et je ne souhaitais pas la réveiller. J’allais faire demi-tour quand elle m’appela doucement. Dans le noir, je la rejoignis dans son lit. Aussitôt, elle commença :

–Vas-y, raconte.

J’avais donc 14 ans quand je dus me faire hospitaliser au CHU de Nantes pour y être opérée de l’appendicite. C’était la première fois que je quittais ma famille, que je dormais loin d’eux. Dans le service des enfants, les infirmières sont plus nombreuses et à l’écoute des enfants. L’une d’entre elles, particulièrement, me plaisait beaucoup. Elle s’appelait Martine et officiait dans la journée. C’est elle qui venait me refaire les pansements, chaque matin.

J’adorais son parfum qui m’enivrait et, quand elle se penchait sur moi, je pouvais apercevoir sa poitrine dans l’échancrure de sa blouse. Je pensais avoir été discrète mais, pour ma dernière nuit, elle avait demandé à être de service de nuit, en remplacement d’une collègue. Quand je la revis le soir, j’étais ravie de sa présence. Elle me dit qu’elle devait faire son tour des chambres mais qu’elle repasserait me voir. Elle revint bien, une heure après. Tout le monde dormait, pas un bruit.

Elle laissa la porte entrouverte afin d’entendre une sonnerie éventuelle, puis prit place sur le bord de mon lit. Je sentais son parfum, si proche. Dans un geste, elle ouvrit sa blouse et approcha ma bouche de cette magnifique poitrine. Je ne fis pas prier et commençait à téter goulument. La blouse entièrement ouverte, je voyais son corps frémir sous ma caresse. Elle semblait apprécier malgré mon manque d’expérience.

Je tétais, caressais et malaxais tout ce que je pouvais, ses hanches, ses seins surtout. Un sursaut et elle se mit à trembler plus fort, avant de se calmer bien vite. Toujours souriante, elle baissa le drap et releva ma blouse. Je ne portais rien dessous. Tendrement, elle écarta mes cuisses et me fit la plus tendre des caresses. Moi, comblée, je continuais de caresser ses seins lourds, aux tétons tout durs.

Des larmes coulèrent sur ma joue quand je sentis du liquide entre mes cuisses, je croyais que je faisais pipi et j’étais horrifiée que Martine continue à me lécher. Elle comprit très vite mes pleurs et me rassura en me disant que tout cela était normal, que je venais de prendre du plaisir. Rassurée enfin, je la laissais reprendre sa besogne et je ne tardais pas à couler une seconde fois, plus fort que la première fois. Elle me sourit en se rhabillant, descendit ma blouse et remonta le drap, en me souhaitant bonne nuit. Je ne la revis jamais, et j’en fus triste très longtemps, ne connaissant que son prénom. Quelques années plus tard, j’appris qu’elle avait regagné un autre hôpital, dans le sud de la France.

Pendant tout mon récit, Charlène était restée blottie contre moi, attentive. Je savais que des questions allaient venir et je pris les devants.

–As-tu des questions particulières à me poser ?

Une seule question la tenaillait vraiment : « Comment on peut savoir ».

Elle était un peu trop jeune pour que je lui réponde qu’on ne sait jamais vraiment rien avec certitude. Je devais atténuer cette vision des choses, même si c’est la vérité. Je finis par prendre l’exemple de la nourriture, le chocolat par exemple. Comment on sait si on aime, ou pas ? D’abord l’odeur ne nous révulse pas, ensuite on goute un petit peu avec la langue, puis un carré entier, du noir, du blanc, avec noisettes ou amandes, ou au riz croustillant.

Essayer est le plus sûr moyen de savoir.

Bon, pour le chocolat, tout le monde aime ça, ou presque, mais prends le même raisonnement avec des tripes à la mode de Caen. Si l’odeur te révulse, tu ne gouteras pas car tu sais d’avance que tu n’aimeras pas.

Ramené aux préférences, ma cousine Sophie, m’en a parlé une fois. Rien que de penser qu’une femme puisse l’embrasser sur la bouche, cela la révulse. Elle sait bien me faire sentir qu’on n’est pas du même monde. La vie la fera déchanter très vite, j’en suis sûre. Bref, elle dit qu’elle n’aime pas mais n’a pas essayé. Peut-être que cela la révulse vraiment, mais c’est peut-être l’idée d’être différente de la « norme » qui la révulse le plus.

Je me tus quelques minutes, la laissant à ses pensées. Elle se releva légèrement pour me poser une question, puis se ravisa, se releva enfin pour poser ses lèvres sur ma bouche. Ce contact ne lui étant pas désagréable, j’entrouvris la bouche, elle aussi, et nos langues se mêlèrent dans un doux baiser. À regret, je mis fin à ce baiser, lui expliquant qu’elle devait choisir une fille de son âge pour être plus sûre de ses choix. Elle comprit très bien et je l’assurais que je l’aiderais à faire le bon choix, samedi prochain, parmi toutes ses copines. Je la laissais à ses pensées, et à ses caresses intimes si elle le souhaitait et je rejoignis mon lit, celui d’Amélie plutôt.

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