Marié depuis cinq ans, Cédric s’ennuie dans son couple. Il aime vraiment sa femme, Nadège, mais leur relation semble au point mort. Pas de projet d’avenir, ils partagent simplement le même appartement. Le même lit aussi, heureusement. Mais c’est justement dans cette chambre que le train-train quotidien se fait le plus sentir. L’ennui est le plus grand danger pour un couple. Bien sûr, ils font l’amour, régulièrement. Enfin, quand c’est possible. Les impératifs professionnels sont également source de contraintes. Cédric est chef d’équipe, dans une très grande entreprise du bâtiment. Il part loin, quelques fois, et cette liberté retrouvée lui donne envie de se séparer de celle qu’il aime toujours profondément. Quand il lui arrive de partir une semaine, voire deux, il est toujours très heureux de la retrouver, de la prendre dans ses bras. Ces week-ends de retrouvailles sont les plus intenses, les plus mémorables de leur vie de couple. Avant que la routine ne s’installe à nouveau. Nadège, quant à elle, travaille dans un bureau d’études, au secrétariat. Elle a toujours été une femme réservée, discrète. Ils s’étaient rencontrés alors qu’elle débutait dans ce bureau d’études. Elle avait été obligée de suivre un ingénieur sur ses chantiers pendant une semaine complète, pour qu’il lui apprenne les rudiments de la profession. Cédric avait flashé immédiatement sur cette frêle jeune femme, tout juste sortie de l’enfance. Ses cheveux courts, légèrement ondulés, entouraient un visage divin. Elle avait tout juste 19 ans, bac pro en poche, et elle avait obtenu son premier emploi grâce à sa tante qui partait en retraite et qui l’avait presque imposée à sa direction. Nadège avait rapidement dû trouver sa place et prouver à tous qu’elle avait les compétences nécessaires pour être une assistante parfaite.
Cédric était revenu souvent là où elle travaillait, soi-disant pour des renseignements complémentaires sur le chantier en cours. Puis, il avait fini par l’inviter à boire un verre. Puis deux. Nadège était jeune et sans doute facilement influençable. Elle n’a pas résisté le moins du monde lorsqu’il a posé ses lèvres sur les siennes. Très vite, ils ont emménagé ensemble et le mariage a été prononcé près de six mois après le début de leur vie commune. Tout se passait très bien les premières années. D’ailleurs, pour Nadège, c’était la vie rêvée. Elle était heureuse, et sûrement aveuglément amoureuse pour ne pas voir les signes de fatigue de la part de son chéri. Elle avait gagné en assurance, depuis sa rencontre avec son mari. Et cela se ressentait dans ses tâches quotidiennes, au bureau. Par contre, chez elle, dans son foyer, elle redevenait la petite fille qu’elle n’avait jamais cessé d’être, tout au fond d’elle-même. Cédric devait décider de presque tout. Les achats importants, les destinations de vacances. Son côté « macho » était très heureux de cette façon de faire. Mais c’est au fur et à mesure de leur relation que cette fatigue se fit de plus en plus sentir. Il était même plutôt très content lorsque son patron lui proposait un chantier éloigné. La distance lui plaisait beaucoup, car les retrouvailles étaient sensationnelles. Et c’est justement au cours de l’un de ces déplacements qu’il fit, tout seul, une analyse de son mariage.
Il aimait Nadège, c’était indéniable. Il n’était pas question de la quitter pour une autre femme. C’était elle qu’il voulait et pas une autre. Lors de ses différents chantiers, éloigné d’elle, il avait eu des occasions pour la tromper. Mais ce n’était jamais arrivé. En faisant cette introspection sur lui-même, il se demanda s’il n’était pas, inconsciemment, attiré par les hommes. Ceci expliquerait beaucoup de choses. Mais non, ce n’était pas ça non plus. Son meilleur ami, au lycée, était gay. Il le savait, comme tous les autres élèves. Romain n’avait jamais caché son attirance pour les hommes. Et c’est d’ailleurs en tant que meilleur ami qu’il l’avait accompagné, une nuit, dans un des parcs de la ville. Tout le monde savait que c’était le rendez-vous nocturne des homosexuels de la ville et des alentours. Romain avait décidé de passer aux actes, avec un homme expérimenté. Il avait pris contact avec un homme, sur un site spécialisé. Mais il avait demandé à Cédric de l’accompagner, pour le cas où cela ne se passerait pas comme il l’avait prévu. L’homme était bien là où Romain devait le retrouver. Un peu surpris de voir deux jeunes gens, il n’avait pourtant pas hésité à demander si Cédric voulait, lui aussi, participer. Refus évidemment catégorique du jeune homme qui resta pourtant pas assez près de son ami, prêt à intervenir, au cas où.
C’est en se remémorant cette première fois, et celles qui suivirent, que Cédric pouvait affirmer qu’il n’était pas gay. Il n’avait rien vu, pour autant, mais les commentaires de l’homme lui avaient fait comprendre tout ce qui se passait à quelques mètres de lui. Les paroles étaient suffisamment explicites pour imaginer la scène. Et Cédric n’avait ressenti aucune envie de participer, jamais. Contrairement à une autre expérience, vécue lorsqu’il était adolescent. Il dormait dans la chambre contigüe à celle de son grand frère, Simon. Lorsque celui-ci ramenait des filles à la maison, Cédric avait beaucoup de mal à s’endormir. Il entendait presque tout ce qui se passait à quelques mètres de lui, derrière ce mur. Il ne pouvait s’empêcher de se toucher, pour calmer ses envies grandissantes. Une fois, il s’était même levé pour s’approcher de la porte. Il avait vu la jeune fille sortir de la chambre, entièrement nue. C’était la première femme nue qu’il voyait, bien évidemment. En revenant des toilettes, elle l’a vu dans le couloir et, sans se dégonfler, elle a caressé son sexe bandé à mort. Il n’a bien sûr pas résisté très longtemps et elle l’a laissé là, pantelant. Il a retenté plusieurs fois cette même expérience. Il lui est arrivé de voir d’autres jeunes femmes toutes nues, sortant de la chambre de son grand frère. Mais jamais aucune ne l’a touché, comme celle qu’il n’a jamais oubliée. Même son prénom restait gravé dans sa mémoire, Sylvie. Il avait grandi, connu ses propres expériences avec des jeunes filles de son âge, et plus âgées que lui. C’est quelques années plus tard qu’il revit Sylvie. Il ne l’avait pas oubliée. Elle, si.