Florence : Exhibition (05/10)

« Et uniquement le service, interdiction de gestes déplacés. C’est bien compris ?  »

Tous acquiescèrent et prirent place sur le canapé et les fauteuils. Quand on sonna à la porte, j’allais ouvrir pour accueillir le dernier invité. Il ne put s’empêcher de siffler d’admiration devant ma tenue. J’étais un peu mal à l’aise mais j’étais flattée à la fois. Je m’exhibais volontairement devant ces hommes et je ne pouvais exiger qu’ils retiennent leurs émotions. Je retournais en cuisine chercher l’un des plateaux qui avaient été préparés. Je marchais doucement, sachant parfaitement que tous les regards étaient tournés vers mes fesses qui se déhanchaient presque toutes seules. J’avais été appelée pour jouer un rôle, je le jouais à merveille. La preuve, pas un bruit dans le salon, le silence complet. Les conversations reprirent lorsque je disparus enfin, pour stopper de nouveau à mon retour. Tous appréciaient ma plastique, ma façon de marcher, comme sur des œufs. Le match débuta enfin et les regards se tournèrent vers la télé. Je n’avais pas vraiment envie de suivre ce match mais je me devais d’être là si un des invités avait besoin de quelque chose. Apporter de nouvelles boissons, ou un autre plateau. Les hommes s’excitaient lorsque les joueurs français s’approchaient du but adverse, s’énervaient lorsqu’ils rataient leur frappe. Je n’étais pas une spécialiste de ce sport mais je pouvais tout de même un peu comprendre les règles de ce sport.

Un peu avant la fin de la première mi-temps, j’allais ouvrir au livreur de pizzas. Je n’avais pas été prévenue de sa venue et j’ai dû appeler Alexis pour qu’il vienne régler la note. Il porta lui-même les pizzas dans la cuisine et me montra le tiroir où je pouvais trouver les plats, avant de pouvoir les servir. Ce fut de nouveau un concert d’applaudissements lorsque je ramenais les deux premières pizzas. Je dus resservir des bières à tout le monde avant de servir les deux dernières pizzas. Leurs commentaires, durant le match, les avaient mis en appétit et ils dévorèrent tout ce que j’amenais. Les bières aussi défilaient les unes après les autres. Jusqu’à la reprise du match, pour la seconde mi-temps. Certains de ces hommes avaient essayé de me poser des questions, avant la reprise, mais Chloé ne faisait que sourire. Et Florence ne voulait rien dévoiler d’elle-même. Je n’étais pas là pour me faire draguer, même si cela était flatteur, un peu. Si j’avais été moche, ou grosse, ou vieille, même habillée ainsi, pas sûr que j’aurais eu autant de succès auprès de ces messieurs. Parmi eux, je constatais que certains étaient certainement mariés, ou en couple, car eux ne cherchaient nullement à me draguer, même si leurs yeux s’attardaient plus que de raison sur mes formes. Les autres étaient peut-être en couple aussi mais pas très fidèles, ou du moins, prêt à profiter de la première occasion. Ce que je ne leur laissais pas. Je fus tranquille jusqu’à la fin du match. Heureusement que la France avait fini par gagner le match aller.

Un match retour était prévu dans les deux semaines à venir et beaucoup me demandèrent si je serais de nouveau présente. Je n’avais pas envisagé de réitérer cette expérience, mais je compris, au regard d’Alexis, qu’il comptait vivement sur ma présence, dans la même tenue. Je n’y avais pas vraiment réfléchi auparavant, surtout inquiète par la tournure que pouvait prendre ce genre de soirée, mais au fond de moi, je trouvais bizarre qu’une seule exhibition pouvait suffire pour régler le retard de loyer de mon amie. Alexis avait donc convenu de me revoir, et certainement plusieurs fois. Je n’étais déjà plus sur le stress de la première fois, vu que tout s’était bien passé. Et je me suis dit, intérieurement, pourquoi pas. Je pense que, à mon petit sourire, Alexis avait compris que j’accepterais sûrement de revenir. Tous les hommes se sont levés, prêts à rentrer chez eux. Cela provoqua une petite bousculade lorsqu’ils souhaitèrent tous me faire la bise pour me remercier de les avoir si bien servis. Je n’avais pas vraiment le choix et, l’un après l’autre, ils m’ont fait la bise. Certains très près des lèvres mais aucun n’a osé sur mes lèvres. Occupée que j’étais avec eux, j’ai senti plusieurs mains qui se posaient sur mes fesses, tout innocemment, bien sûr. J’aurais dû m’en offusquer mais je faisais surtout attention que leur bouche n’atterrisse pas sur la mienne. Quand tout le monde fut parti, je restais seule un moment avec Alexis. Comme il ne disait rien, je décidais de ranger les plats et les verres laissés n’importe où. Il continua à m’observer, puis, au bout d’un moment, il me dit de laisser ça, que la femme de ménage devait passer le lendemain et que je devais lui laisser un peu de travail. Il était tard et je devais donc rentrer chez Noémie.

Il m’aida à remettre mon long imperméable avant de me proposer de me raccompagner jusqu’à la porte de l’immeuble. Il faisait nuit noire et, même si je n’étais pas trop craintive, je me voyais mal expliquer à une bande de jeunes que je n’étais pas une pute, au cas où je croisais une bande de jeunes, cela va sans dire. Alexis sembla satisfait que je dise oui et on se dirigea vers l’ascenseur. Il me laissa entrer la première en posant sa main sur mon épaule. Ce contact, aussi succinct qu’il fut, me rendit toute chose. Il me parlait mais déjà je ne l’écoutais plus. Dehors, il ne faisait pas vraiment froid mais la différence de température était tout de même importante, je fus prise, malgré moi, d’un léger frisson. Ce qui ne lui échappa pas, il me serra contre lui tout le temps que nous avons traversé le parking extérieur, jusqu’à la porte de l’immeuble d’en face. Je pensais qu’il allait me laisser là et rentrer chez lui, mais il m’emmena jusqu’à l’ascenseur. Et il monta derrière moi. Devant mon regard étonné, il me dit qu’il avait promis de me raccompagner jusqu’à ma porte, celle de l’appartement de mon amie. Son regard était clair, ses yeux brillants, je me suis de nouveau blottie contre lui jusqu’à la porte où Noémie m’attendait. Il montait dans l’ascenseur au moment où mon amie ouvrit la porte, elle ne l’a pas vu, obsédée par la seule question qui la taraudait depuis mon départ.

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